lundi 25 janvier 2010

Défragmentation de l'histoire.

De l’auto-fiction, c’est tellement facile. Peut-être, je m’en sacre. Ma fiction, vous ne la connaissez pas tous alors vous en oublierai possiblement l’auto.

Il y a également ceux qui me lisent et qui sont conscients de l’auto dans la fiction. Mais ça me va.

Et comme ce qui inspire est souvent lointain et douloureux alors qu’on se le remémore, je vous ressasse donc une vieille histoire. Alors que j’essaie encore de vivre le moment présent comme ils doivent le dire dans des merdes comme The Secret, que j’essaie de respirer comme mes ami-e-s chemineurs et capoté-e-s de Yoga le font, je ne trouve pas de près ce qui pourrait m’inspirer entre toutes ces journées de merdes qui commencent, l’épicerie qui ne se fait pas malgré que je n’ai que ça à faire, mes regards qui se perdent partout ailleurs.

Bref, voici un souvenir old en criss.

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C’était de ces journées où on veut concilier ce qui ne l’est pas.

Hiver 2008 : l’UQÀM était en grève. C’était ma première session, j’étais dans les vapes et en amour, mais je ne le disais pas, même à moi-même. C’était ben trop loser que mon inconscient me disait à moi-même.

Un soir de mai, je crois, j’avais commencé à boire je ne me souviens trop où et ça c’était terminé dans l’appartement vide d’une fille en histoire. Elle était illusionnée, des textes enflammés, l’amie d’un ami. L’alcool me rendait étrangement familière, ce qui n’est pas resté, mais ça c’est une autre histoire. Bref, je lui faisais l’éloge de son texte dans le Montréal Campus avant de partir en escapade dans les rues de Montréal. Rues que je ne connaissais pas, à ce jour. Je n’y habitais pas encore. J'avais cru ne pas m'y perdre, mais je me faisais croire bien des choses jadis.

J’étais donc dans ce party d’appart’, plus aucun meuble : fin de bail, début de voyage et etc. Quille à la main, je discutais du statut de la shtroumfette. Était-elle hétérosexuelle par défaut ou se masturberait-elle pour le reste de ses jours ? Dans mon état, plutôt liquide, je trouvais que ma théorie avait beaucoup de sens : le tout récité devant un auditoire peu nombreux, mais attentif, surtout saoul. Sauf un, il ne buvait pas, mais mes conneries l’amusaient par moment, comme celui-là. Ça l’amusait. Je l’amusais, mais sans plus. Encore aujourd’hui, en 2010.

Ce qu’il y a d’étonnant avec les quilles de 9% c’est qu’elles vous – lire me - font perdre la notion du temps. Déjà qu’en temps normal je n’ai pas de montre et accessoirement, suis peu ponctuel, j’étais encore moins consciente du temps qui passait. Et on me disait de rester et j’étais charmée par cette douce attention.

Quand je me décidai de partir, l’homme en leggings de course que je portais alors dans mon cœur m’escorta jusqu’à la porte. J’en avais les larmes aux yeux : j’avais encore moins d’orgueil quand le fruit de la fermentation me tenait. Mais bon, je l’aimais de cette façon idiote dont les gens aiment. Et il ne m'aimait pas comme les gens n'aiment pas, d'aucune façon particulière.

En m’en allant, j’avais l’air d’avoir ma vie en main, de ne pas dépendre de celui qui me tordait les trippes tellement il me faisait tripper. J’avais l’air.

Sur la route, un couple ouvert me suivant, à moins que je suivais un couple ouvert ? C’est flou, je ne me souviens plus. L’une devant l’autre, elles parlaient allègrement de leurs autres baises, ben à l’aise.

Et on s’est perdu. J’étais déjà tellement en retard. Je devais me rendre au Café Campus pour 11h00 : il devait être 12h30 et je ne savais pas encore la différence entre l’Est et l’Ouest.

J’utilisai ma technique infaillible qui consiste à demander mon chemin au plus de monde possible délibérant moi-même de la crédibilité des indications que toutes ces personnes m’avaient généreusement données. Un échantillon de 10 personnes devrait suffire, analysant les informations qu’ils me donnaient à l’aide d’une grille très très aléatoire, qui évoluait au même rythme que je les jugeais, gratuitement.

1h35 : Café Campus

J’arrive là-bas et je cherche les filles, je cherche. Et comme je suis saoule je cherche de plus belle. Juste assez lucide pour me dire que je ne le suis peut-être pas assez et que je devrais refaire le tour encore une vingtaine de fois, au cas ou elles auraient échappées à mon attention plus très attentive. Avec mon sac à dos et mon mentaux encore sur le dos, le STAFF – c’était écrit en grosse lettre sur leurs T-Shirts, on ne pouvait pas se tromper – me trouvait louche. Je n’ai jamais trouvé les chix. Je suis ressortie et on m’a redonné mon cover : ils sont plein de compassion ces gens staffés.

Je n’habitais pas à Montréal.

Je n’habitais pas à Montréal.

Fuck : je n’avais aucun endroit où coucher.

Et à ce moment-là, je fis ce que j’avais fait pendant toute la session, n’apprenant pas de mes erreurs, ne les qualifiant pas encore d’erreurs : je suis allée l’ATTENDRE dans l’entrée de son bloc appartement. Je savais qu’il ne tarderait pas à entrer, mais je ne savais pas quand.

Cette nuit là, j’ai dormi un partie de la nuit avec les sans-abris dans l’entrée. Ils étaient deux, un homme et une femme collés sous les couvertues, sous les boîtes aux lettres, près des publi-sacs. J’étais là en ATTENDANT qu’il arrive et qu’il m’offre l’hospitalité, habitué qu’il était de subir, lorsqu’il était acculé au pied du mur.

Il était quand même crampé de me voir là. Ce rire que j’avais oublié quand je l’ai revu il y a quelques mois : quand je l’ai revu avec son [Insérez son prénom ici] est maintenant en couple.

Mais cette nuit-là, je l'ai passée dans ses bras, en ne me laissant pas trop aller contre son corps : je savais que ça serait toujours éphémère comme sensation. Le matin, il m’a dit que je sentais l’alcool. Pas étonnant.

J’ai dû repartir de là en braillant, je ne me souviens plus, mais sans doute.

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Des fois, quand je ne feels pas, j'aurais envie de retourner me coucher dans son entrée, de le revoir et qu'on se jase ça.

Mais bon.

On défragmente les ordinateurs pour leur pimper le système. J'ai beau défragmenter l'histoire en paragraphes, ça ne reviendra jamais comme c'était. Et c'est tant mieux.

1 commentaire:

Shlou a dit…

Je ne me souvenais aucunement de ça...